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Thursday, March 29, 2007

Stupeur, pas de tremblements

Mon superviseur vient de me faire une vraie fleur.

Une vraie fleur, c'est quand on peut partir du travail à 18h30 tout en étant payé jusqu'à 21 heures comme c'était prévu avant que l'étudiant ne dise qu'il avait un nomikai important.

18h31, je suis dans la rue, en route vers Harajuku, où un peu de shopping m'attend (alors que je devrais être à ce moment précis dans une pièce climatisée, fortement éclairée par une armée de néons...à réciter sous forme de tableaux toutes les règles de la grammaire française que je connais, le tout en anglais).

Et donc ainsi s'est terminée une expérience que mes proches ne manqueront pas de qualifier "de très bonne" même si je l'ai vécue comme "très pénible".

J'exagère sans doute un peu, mais j'ai quand même beaucoup pensé à Amélie Nothomb et son expérience dans une compagnie japonaise.

Moi, j'ai du enseigner un semblant de français pendant quatre jours à raison de 8 heures par jour, de 13hà 21h.

Intensif intense.

Je suis passée par l'excitation (de l'inconnu), à l'ennui, sur lequel je suis restée un peu trop longtemps, à l'excitation (enfin, c'est fini...).

Pendant ces quatre jours, j'ai été assignée à différentes salles. Le premier jour, 8 heures dans une salle minuscule, pourvue d'une fenêtre très étroite, où il faisait froid en plus. Le deuxième jour, la pièce est plus spacieuse, mais on y a retiré la fenêtre. 8 heures sans fenêtre.

Le troisième jour, nous avons gagné en confort, des fauteuils rembourrés autour d'une table de réunion ovale, toujours pas de fenêtre. Mon esprit en besoin d'évasion croissante se jette à corps perdus sur le calendrier, fenêtre de substition, très peu satisfaisante.

Le dernier jour, c'est l'apothéose, la salle est gigantesque, conçue pour deux profs et dix élèves, tout en longueur, elle donne sur la rue par un mur de vitres.

Il fait soleil, je peux même bronzer un peu en attendant l'élève qui a encore du retard...je suis une petite vénarde, aujourd'hui est vraiment mon jour de chance.

Comme son retard m'est annoncé à l'avance, je prends mon bouquin et vais essayer la hot fresh lemonade du Freshness Burger en haut de la rue.

Evidemment, il faudra quand même encore supporter les approximations de la langue anglaise de mon élève, ses tics verbaux "how do you say that" qui remplacent allègrement les "eto"...c'est à dire trente fois par phrase...

Je serre les dents, plus que 4 heures, et je suis libre....plus que 3h30...plus que 55 minutes...

Et comme ce job m'a apporté autant de satisfaction...enfin, bref, il va falloir que je craque une partie de l'argent, manière de rétablir les choses. Ca fait toujours ça quand on accepte un job que pour l'argent, dès qu'on le touche, il faut s'en débarrasser, au moins en partie, il faut apaiser quelque chose, combler un vide.

Ce qui me plairait c'est d'aller manger dans un restaurant de tofu tout un tas de spécialités que je ne connais pas encore...

Photo du personnage dans Le voyage de Shihiro (de Myazaki), celui qui mange tout le monde.

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