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Tuesday, August 28, 2012

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Nous sommes dans le variant avec un corps, puisqu'il grandit jusqu'à mourir. Tous les jours, il y a une modification, et en même temps les fonctions sont répétitives. Donc, ce qui est toujours pareil, ce sont les besoins et c'est du mortifère pour l'esprit qui désire. Nous sommes tout le temps pris entre, d'un côté, des pulsions de non-vie, des pulsions de répétition -- ce que nous appelons en psychanalyse des pulsions de mort -- qui sont tout à la fois pulsions de mort de l'individu et pulsions de mort du sujet du désir, qui voudrait n'être pas né parce que ce serait plus facile; et puis, de l'autre côté, les pulsions de vie, qui sont de conservation de l'individu, et pulsions de désir.
Le besoin est répétitif, le désir est toujours du nouveau, et c'est pour cela que, dans l'éducation, nous devons veiller à ne pas satisfaire tous les désirs. Mais toujours en paroles justifier le sujet de dire ses désirs et ne pas l'en dissuader ni critiquer. Les besoins, oui, les satisfaire; les désirs, les parler beaucoup. Parole, représentation, dessin, mime, modelage, c'est ça qui fait la culture, la littérature, la sculpture, la musique, la peinture, le dessin, la danse, tout cela est représentation de désirs, et non vécu dans le corps à corps avec l'autre. C'est de la représentation pour communiquer avec un autre ses désirs. Et c'est là où l'éducation doit tout le temps veiller à soutenir le désir vers du nouveau toujours, et au contraire, ne pas satisfaire les désirs qui, aussitôt satisfaits, rentrent parmi les besoins qu'il va falloir répéter, et avec une sensation de plus en plus forte puisque le besoin, c'est une habitude, et que l'habitude, ça n'intéresse plus, c'est du mortifère. 
Tout est langage, Françoise Dolto

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