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Tuesday, February 27, 2007

Comme un poisson (décibels suite)

Ce matin, c'est Gotan qui me réveille. pas les cris des corbeaux comme des enfants qu'on égorge, je passe un peu de temps, seule chez moi, devant l'ordinateur, à échanger des mails avec ma voisine de pallier, je ris beaucoup, mais ça ne fait pas de bruit.

Le son de l'eau qui bout dans la théière électrique...rassurant.
Le bruit de l'eau dans la cabine de douche...relaxant.


Quand je sors, je me rends compte qu'aujourd'hui, je me sens comme un poisson dans l'océan, il y a du monde autour de moi, comme de nombreux bancs de poissons, des petits, des gros, des pressés, des lents...Plus les trams, les bus, les voitures, les feux rouges, et pourtant leurs sons ne m'atteignent pas...ça glisse sur moi!

Dans la Yamano, j'ai une place privilégiée devant une fenêtre, les yeux dans mon livre de kanjis...soudain, un bruit affreux me sort de mon coma.

Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que c'est à coup sûr un petit poisson tout frêle qui est à l'origine de ce râclement violent. Je me demande quand même comment on peut avoir de si petits gabarits, se prendre pour une shibuyette super sexy, ultra féminine et se râcler les sinus jusqu'à atteindre le fond, sans la moindre gêne, sans attirer la moindre attention sur soi...total mystère!Et comme ce poisson frêle n'est pas venu tout seul, j'ai droit à un concert de reniflements, ravalements de liquide sinusal dégeulasses.

J'essaie de me plonger dans mon livre de kanjis...impossible, les kanjis ne sont pas pénétrables, c'est une surface solide infranchissable, je flotte, et les bruitages grossiers persistent et me dégoutent toujours plus...

Takadanobaba et sa sonnerie d'astro boy me sauvent du cauchemar, et surtout sauvent la sardine d'un coup de pied latéral quasi mortel!
La sardine renifleuse est descendue, mais ses collègues prennent le relais, je n'en pleux plus.

Je me concentre sur ma fenêtre, je regarde au dehors en essayant de voir, ce que jusqu'ici je n'avais vu, sur ce trajet que je fais pourtant presque tous les jours depuis plus d'un an.

Des choses, j'en vois, c'est sûr, une pub pour un coiffeur sur un drap, mal accroché à la porte d'un appartement vers Shin-Okubo, un quai abandonné entre Yoyogi et Harajuku, un temple et son cimetière au bord de la voie avant Shibuya.

A la sonnerie, je suis emportée par le banc de poissons descendant, je bouge à peine les nageoires, le groupe me transporte en évitant le banc ascendant.

Dehors, je profite de la confusion sonore pour effacer de ma mémoire les reniflements, trois voix nasillardes m'attendent en bas des escaliers, le trafic routier, les travaux, Shibuya se prépare.

Trois photos d'une source naturelle près de Yamanakako, en bas du mont Fuji. L'eau vient du sommet du mont et s'écoule sous terre, elle surgit à cet endroit, à 15 mètres de profondeur, si claire qu'on peut voir le fond sans peine.

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