En retrouvant ce livre, j'ai remarqué en première page les conseils de l'auteur, traduits en plusieurs langues; je n'avais jamais lu cette partie. La préado que j'étais à l'époque n'avait pas besoin de lire des conseils de piano, j'avais des cours en quatre dimensions, avec un professeur chorégraphe des doigts qui dansaient autour du Steinway à queue, dans son boudoir du 17° siècle.
Je les ai lus maintenant.
Ca m'a fait sourire. C'est l'armée des doigts.
Enfin, seule devant mon piano, ça me fait du bien, mais je sens que j'aurais bien besoin de quelque chose...
Une magie de doigts????
On peut affirmer que toute la technique du piano est basée sur la souplesse. L'élève évitera par conséquent toute crispation musculaire.
L'articulation, qui est obligatoire, ne devra pas être exagérée. L'extrême élévation des doigts, en raidissant le poignet, est nuisible. Il ne faut pas que les doigts frappent les touches avec violence ; après s'êtres levés sans excès, ils doivent retomber plutôt, en supportant le poids total de la main, du bras et de l'épaule. Le bras doit demeurer inerte, - L'immobilité de la main engendre de la raideur ; le poignet, toujours souple, devra par conséquent osciller légèrement, sans outrance toutefois, mais naturellement d'après les mouvements des doigts.
Dès le début des études pianistiques, il est indispensable de ne pas négliger la qualité sonore obtenue. C'est une erreur de croire qu'il sera toujours temps, un peu plus tard, d'y veiller ou d'y remédier. on acquiert plus facilement une belle sonorité qu'on ne l'améliore quand elle est défectueuse. Il est donc essentiel de s'écouter et de soigner particulièrement l'amplitude et la beauté du son.
Les doigts ne font qu'obéir au cerveau qui les commande et qui doit exercer sur eux un contrôle rigoureux et permanent. Il est nécessaire par conséquent que l'élève sache, avant de commencer son travail, ce qu'il veut obtenir.
Or, un débutant ne le sait pas.
C'est donc au professeur qu'incombe la tâche, toujours ardue, de le lui faire savoir en lui signalant exactement la difficulté à vaincre, l'écueil à éviter, - puis l'amélioration à atteindre.
Le problème ainsi nettement posé, l'élève ayant un travail bien déterminé à accomplir, un but précis à gagner, ne jouera pas machinalement, ce qui est pernicieux, mais avec un intérêt, un ordre, une logique et une discipline qui susciteront de rapides progrès.
Un tout jeune élève, voire un enfant de cinq ou six ans, ne doit pas autrement travailler."
Armand Ferté, Les Maîtres du Piano